Récolte, objets glânés
à la Petite Rockette et
à la Belle Déchette transformés
à la Mine de Pont-Péan
et à la Mine d'Abbaretz
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C’est un processus qui commence par l’expérience. Par le contact à la nature, par la rencontre et l’observation du vivant. Le moteur c’est le déplacement. Sur mon chemin je récolte des images et matières pour les assembler dans un espace de représentation commun. En n’envisageant que rien n’est ici ou là, mais existent les uns par rapport aux autres. Que le monde ne se construit pas de frontières ou formes réelles. Que tout bouge et interagi. Si les choses forment un monde, c’est parce qu’elles se mélangent sans perdre leur identité.1

J’entreprend une récolte des «laissés pour-compte». Passés de la matière, à la forme, à l’utilitaire, au décoratif, à l’encombrant. Dans un processus de transformation je tente de les réintégrer dans un cycle qui avance. Par la fonte, ils retournent à état de matière, se réinscrivent dans un commencement. Puisque dans les fours des métallurgistes, au cours des réactions chimiques, rien ne se perd,rien ne se crée, tout se transforme.2 Ce n’est pas une disparition ou désintégration mais un retour à l’espace des possibles.

«Là où aucun mouvement, aucune action, aucun choixne sont possibles, rencontrer quelqu’un ou quelque chose est possible exclusivement à travers la métamorphose de soi.»1

«Métal» du grec ancien metallon - meta signifiant «autre chose» et allon «ailleurs» exprime l’idée d’aller chercher autre chose ailleurs. Sujet de convoitise, symbole de richesse, de résistance au temps, à l’oubli et au vieillissement. Je tente à défaire ce poids qu’on lui a attribuer, à lui rendre la malléabilité de la matière vivante. C’est par la terre que nous l’avons exploité, c’est dans la terre qu’ils seront coulés. Ma récolte se fait au près de ces lieux où convergent et sont redistribué les objets; les ressourceries. Ceux qui me reviennent sont les irréparables. Je ne m’en fait pas le propriétaire ou bénéficiaire.

Inspiré du travail des plantes qui permettent à la matière de devenir vie et à la vie de se retransformer en matière brut, mon geste est celui du passeur.​ C’est pourquoi j’aimerais imaginer que ces matières se rencontrent dans un espace. Présent. Qu’ils s’accumulent et se mélangent. Se rencontrent pour un temps. Ce site en est l’expérience. Le non-aboutissement. Simplement cet espace des possibles, créé entre matières récoltés et interaction collective.

1 La vie des Plantes, Une métaphysique du mélange, Emanuele Coccia, Bibliothèque Rivages, 2016
2 Lavoisier
La Petite Rockette est une initiative citoyenne qui a vu le jour en octobre 2005 dans le 11e arrondissement de Paris. Réunissant des personnes issues d’horizons variés, l’association a démarré avec la volonté commune d’inventer un espace permettant l’échange, la découverte et la création. À l’origine lieu d’habitation et de pratiques artistiques organisant événements et ateliers accessibles à tous, la Petite Rockette a évolué au fil des rencontres et des déménagements, s’ouvrant sans cesse à de nouvelles perspectives.
La Mine de Pont-Péan est une mine de plomb située dans la commune de Pont-Péan, en Bretagne. Elle est exploitée entre le XVIIIe siècle et le XXe siècle. Des vestiges subsistent au XXIe siècle.
La Mine d'Abbaretz est situé à environ 45 km au nord de Nantes. Cette ancienne carrière à ciel ouvert se divise aujourd'hui en deux parties, aux abords de la route départementale (RD2) : le terril au nord (communal) et l'étang au sud (départemental). Site inscrit au Plan départemental des espaces, sites et itinéraires (PDESI) on y pratique de nombreuses activités sportives de pleine nature ; ski nautique, plongée, VTT, randonnée...
Association née à Rennes, La Belle Déchette propose d'offrir une seconde vie à des objets et matériaux, de soutenir l'emploi et la création.